Depuis quelques mois, j’ai la grande chance de rencontrer, lors d’intervention concernant les IA et leurs bonnes utilisations (j’espère !), de nombreux designers exerçant dans des champs totalement différents du mien (parfum, design sonore, design de montre, de bijoux, de souliers, de baskets, de trains, de véhicule automobile, de vêtements, d’objets, textiles…) et voici les tendances que je peux voir se développer durant ces derniers mois (principalement sur la génération d’image).
• L’artisanat prend de la valeur, avec une mise à l’honneur de l’analogique face au numérique. L’image numérique seule perd de sa valeur (au revoir les Nft ), il est actuellement tellement facile de produire des images que cette surabondance fait perdre toute valeur à ces productions numériques (et aussi notre naïveté par rapport aux images, qui dorénavant sont toutes potentiellement « fausses »).
• Les archives sont précieuses et surtout elles deviennent techniquement un «carburant» pour créer un futur probable. C’est particulièrement flagrant dans le domaine du luxe et de la mode. En effet, afin d’entrainer des IA pertinentes et originales, de grandes sociétés numérisent leurs archives et les font analyser par des IA, qui sont ensuite capables de générer des images cohérentes en relation avec leurs archives. Ces IA entrainées sur un corpus propriétaire deviennent un « trésor » unique pour ces sociétés.
D’ailleurs, un nouveau métier apparait, mélangeant iconographie et mathématiques (pour simplifier), c’est un profil capable de créer des bases de données bien structurées afin d’entrainer des IA de manière pertinente (c’est la clé essentielle).
• Pour chaque profession, l’IA arrive à différent moment du processus de création (il faut le trouver). Elle ne remplace pas les métiers de la création, mais aide (on parle d’intelligence complémentaire) certains aspects des tâches à effectuer.
• Deux types d’IA se développent : une de type généraliste comme Midjourney, qui permet de « délirer » et des IA « sur mesure » entrainée sur des corpus locaux propriétaire (et offline) permettant controler très précisément les images. —> pour résumer, nous avons Midjourney (pour la partie «moodboard» et divagation / puis IA propriétaire entrainée pour un contrôle plus précis / puis Photoshop pour les retouches.
• les IA s’infiltrent très rapidement dans nos outils de production (avec l’exemple de PhotoShop Beta qui intègre de manière très fluide et intelligente ces IA dans le flux de production), mais aussi dans nos emails, dans l’écriture de code informatique…
• Les étudiants connaissent tous (ceux que je connais !) ces IA, testent et expérimentent joyeusement. Les étudiants qui sortent du Bac et rentrent en prépa connaissent beaucoup mieux les IA que les outils graphiques traditionnels. Il y a un gap assez étonnant entre des étudiants de 18 ans et ceux de 20 ans (qui ont déjà pratiqué les arts graphiques sans les IA).
• Les écoles commencent à sensibiliser les corps enseignants à ces nouveaux outils (la HEAD – Genève, Haute école d’art et de design ou Ècole intuit.lab par exemple).